Lettre au Premier ministre

23 Sep

Paris, le 23 septembre 2019

Monsieur le Premier ministre,

Vous pouvez encore sauver le transport aérien français qui représente un atout majeur pour la France, pays du transport aérien, en matière d’emplois, de richesse économique et de rayonnement international.

Vous pouvez encore le sauver, si toutefois vous souhaitez porter un intérêt à ce secteur.

Votre ministre des transports nous a réunis l’année dernière pour des Assises du Transport Aérien qui voulaient redonner de la compétitivité aux compagnies françaises. Nous y avons cru et l’ensemble de la profession y a consacré de nombreuses heures de travail.

Pour quel résultat ?

Deux compagnies aériennes françaises, et non des moindres, sont aujourd’hui au bord de la faillite, malgré le total engagement de leurs dirigeants dans la recherche d’une solution pour sortir de la crise qu’ils traversent. Et les deux ont comme dernier recours, la supplique d’être intégrés au sein de la compagnie Air France.

Nous attendions autre chose de ces Assises.

Vous en avez retiré l’urgence de mettre en œuvre de nouvelles taxes écologiques, participant ainsi au « flight shaming » qui ne fait que détourner l’opinion des réels enjeux écologiques de la planète; justifiant ces taxes par la mise en œuvre d’une stratégie qualifiée de « signal-prix » qui pousse le consommateur à opter pour d’autres moyens de déplacement alors que rien ne remplacera jamais le transport aérien sur des distances supérieures à cinq cents kilomètres; omettant que sur des distances courtes, le bilan écologique des trains à grande vitesse comme le TGV est loin d’être louable quand on prend en compte l’impact carbone de la production du béton nécessaire à la fabrication de traverses supportant les rails de chemin de fer sur des centaines de kilomètres, le problème toujours non résolu des déchets radioactifs des centrales nucléaires qui produisent de l’électricité, et le CO2 émis par les centrales thermiques des pays voisins auprès desquels nous nous approvisionnons en électricité en cas de besoin.

Mais vous n’en avez pas retiré l’urgence de mettre en œuvre des mesures économiques et fiscales pour aider nos entreprises à résister à la concurrence étrangère, l’urgence de créer un environnement économique et fiscal propre à attirer les investisseurs qui nous manquent cruellement, l’urgence de mettre en place des mesures que nous vous avons proposées et qui ne coûtent rien au budget de l’État.

Vous avez oublié que, dans le même temps, le transport aérien a depuis longtemps pris seul les choses en main pour financer ses infrastructures aéroportuaires, sa navigation aérienne et sa sûreté, avec maintenant une part significative des contrôles aux frontières, alors que navigation aérienne et sûreté sont des tâches régaliennes au service de l’intérêt général.
Vous avez oublié que le transport aérien finance par l’impôt des actions humanitaires qui devraient également être du ressort de la collectivité nationale (taxe Chirac).
Vous avez oublié tant de choses encore qui pèsent sur les marges de nos compagnies aériennes françaises et qui constituent de fait un réel handicap de compétitivité par rapport à nos concurrents étrangers alors même que notre marché leur est ouvert.

Monsieur le Premier ministre, le transport aérien français est aujourd’hui au bord du gouffre. Il n’y a pas qu’une seule grande compagnie aérienne en France. Il y en a d’autres qui emploient des milliers de salariés qui attendent de vous que vous preniez en compte leur demande : mettre en place un environnement économique et social favorable à leur développement dans un marché en pleine expansion, qui est aujourd’hui laissé à la seule concurrence étrangère.

Nous ne voulons pas que la France dépende uniquement de compagnies étrangères pour son transport aérien.

A moins que vous n’ayez choisi de tourner la page.

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